Le cas du caveau de la famille Chase, au sud de l'île de la Barbade, est particulièrement intéressant puisqu’il est l’exemple parfait du huis-clos (un lieu unique, une seule entrée).
Ce caveau, vide depuis 1820, est toujours visible dans le cimetière de Christ Church près de Oistins (sa lourde dalle n’ayant jamais été replacée, il est possible de le visiter). Il s’agit d’une construction évoquant un mausolée aux trois-quart souterrain, fait de pierres, de corail et de marbre. L’entrée, entourée de huit bornes soutenant une chaîne, est décorée d’une plaque aux armes de la famille.
Thomasina Goddard, une femme qui faisait partie de la famille fut la première personne à y être inhumée en 1807. L’année suivante on y installa le petit corps de Mary Anna Chase, morte à l’âge de deux ans d’une maladie infantile. En 1812 sa soeur Dorcas décédée dans des circonstances suspectes la rejoignit dans le caveau. Des rumeurs attribuaient en effet sa fin prématurée aux mauvais traitements infligés par son père; on parla même de suicide. Il est vrai que Thomas Chase était un homme haï par bon nombre d’habitants de l'île. Il mourut un mois après la jeune Dorcas et la réouverture du tombeau fut cette fois l’occasion d’une désagréable surprise.
Le cercueil de Madame Goddard se trouvait couché sur le flanc contre un mur. Celui de la petite Mary Anna paraissait avoir été jeté à travers le caveau et gisait, tête en bas. La famille s’indigna. On pensa un moment à une vengeance : les Chase employaient dans leur plantation quelques dizaines d’esclaves qu’ils traitaient avec sévérité. Mais pourquoi se serait-on donné tant de mal pour se venger sur des morts ? Tous plombés sauf un, ces cercueils pesaient très lourd et étaient d’un maniement malaisé.
On voulu croire aussi à un vol, mais il n’y avait rien à subtiliser dans la caveau.
Les choses furent finalement remises en ordre et la dalle scellée.
Elle fut rouverte quatre ans après, le 25 septembre 1816, pour l’enterrement d’un très jeune enfant du nom de Samuel Brewster Ames décédé dans sa première année. Les cercueils se trouvaient à nouveau en désordre. Pourtant le ciment qui fermait hermétiquement la dalle semblait intact au moment de l’ouverture.
Deux mois plus tard, lorsque le corps du père du petit Samuel fut amené au tombeau, une foule curieuse suivit le cortège. L’homme avait été mortellement blessé lors d’une révolte d’esclaves. La lourde dalle, qui nécessitait les efforts de six à huit hommes pour être déplacée, présentait un aspect normal, sans trace d’effraction. Cependant, lorsqu’on l’ouvrit, les curieux en eurent pour leur argent : encore une fois les cercueils se trouvaient dans tous les sens, excepté celui de Thomasina Goddard.
Le révérend Thomas Orderson fit sonder les murs, le sol, et le plafond par des maçons : on ne trouva ni pierre descellée, ni fissure, pas plus que la moindre ouverture, sauf l’entrée bien entendu.
Le caveau fut à nouveau fermé et soigneusement cimenté.
Trois ans après il fut réouvert pour l’enterrement de Thomasina Clarke. Des centaines de personnes assistèrent cette fois-là à l’événement. Après l’avoir descellée, plusieurs hommes tentèrent sans succès de rabattre la dalle : le plus lourd des cercueils (celui de Thomas Chase) se trouvait bloqué derrière elle, et il fallu pousser avec vigueur pour dégager l’entrée du caveau. On découvrit que les autres cercueils avaient également bougé, excepté celui de Thomasina Goddard qui semblait jouir d’un relatif privilège. La Société Historique de la Barbade conserve la copie d’un dessin exécuté par un témoin oculaire montrant la disposition respectives des cercueils les 7 juillet 1819 et 18 avril 1820.
Le gouverneur donna des ordres pour que tout soit remis en place (les cercueils des enfants furent posés sur ceux des adultes), puis répandit lui-même du sable blanc et fin sur le sol en vue d’enregistrer une possible inondation, des traces de pas, ou tout autre manifestation. Il fit fermer la dalle et imprima son sceau personnel à plusieurs reprises dans le ciment frais (deux autres notables firent de même).
En 1820, le gouverneur Lord Combermere revint au caveau qui était devenu un objet de curiosité et le fit rouvrir après avoir constaté que les marques laissées par les trois sceaux étaient intactes. A l’intérieur régnait le désordre habituel excepté pour le cercueil de Thomasina Goddard qui, bien qu’effondré sur lui-même, était toujours à sa place. Le sable répandu sur le sol ne montrait pas d’empreinte de pas ni aucune autre trace suspecte.
Lord Combermere considéra alors que les choses avaient assez duré. Craignant pour la réputation de l'île , il fit inhumer les cercueils dans une autre partie du cimetière (séparément et sous des sépultures anonymes) et ordonna l’abandon définitif du caveau.
De nombreuses personnes ont enquêté sur cette affaire au cours du 19ème siècle. Parmi elles, Sir Arthur Connan Doyle, célèbre créateur de Sherlock Holmes, mais aussi inventeur de plusieurs méthodes d’investigation dont la police Britannique fit usage avec profit pendant des décennies. Connan Doyle ne trouva aucune explication*. Cette énigme n’a jamais été résolue, et l’on voit mal comment elle pourrait l’être aujourd’hui.
Il y a quelques années une nouvelle énigme toucha le petit cimetière. Un jeune natif de l'île découvrit en effet qu’un cercueil recouvert de plomb semblait vouloir sortir de terre, la partie correspondant à la tête du défunt dépassant nettement au-dessus du niveau du sol.
Le jeune garçon -que sa découverte avait effrayé- constat quelques jours après que ce cercueil avait disparu. A sa place on ne voyait plus qu’un trou noir.
On a heureusement découvert la clé de cet ultime mystère : des pêcheurs locaux descendant d’esclaves ont subtilisé le plomb de ce cercueil pour lester leurs filets de pêche.
Source :
http://cendrars.club.frcopier sur :http://zone-paranormal.monforum.fr/le-caveau-des-chase-vt486185.html